Les chasseurs-cueilleurs ont traversé la méditerranée il y a 8 500 ans


Une équipe d’archéologues européens a fait une découverte conduisant à réévaluer totalement les premières occurrences de traversées maritimes sur de longues distances. En effet, selon leurs résultats, les chasseurs-cueilleurs ont franchi la mer Méditerranée depuis la Sicile jusqu’à Malte il y a plus de 8 500 ans au Mésolithique.

En Europe, il y a 8 000 ans environ, l’être humain (Homo sapiens) évolue dans l’ère Mésolithique – c’est une période où les chasseurs-cueilleurs commencent à se sédentariser, à cultiver des céréales et à domestiquer des animaux. Les technologies restent limitées à cette époque. En effet, la navigation par exemple n’a émergé que plus tard au Néolithique, une période où les chasseurs-cueilleurs se développent davantage avec les premiers villages et la conception d’outils et d’objets plus sophistiqués (haches polies, poterie, etc.). C’est toutefois ce que semble contredire une récente étude publiée en avril 2025 sur la revue Nature. Une équipe de chercheurs européens en archéologie s’est rendue sur l’archipel de Malte et a fait plusieurs découvertes qui remettent totalement en cause l’idée que les traversées maritimes sur de longues distances en Méditerranée n’étaient pas déjà d’actualité au Mésolithique.

Trop éloignées et trop petites

Malte est l’une des archipels les plus isolées de la mer Méditerranée. En effet, elle est à au moins 100 km des premières côtes, en Sicile. Il y a 8 000 ans environ, sa configuration et sa localisation étaient sensiblement similaires à notre époque. Selon le consensus scientifique général, les chasseurs-cueilleurs ne se rendaient pas sur ce type d’îles en raison de la distance à parcourir, du climat régional et de leurs tailles. Les seules fois où ils naviguaient sur cette mer, c’était « vers les îles méditerranéennes grandes et/ou faciles d’accès, par exemple grâce à des chaînes d’îles reliées entre elles, à la proximité du continent ou à des courants favorables. », détaillent les chercheurs.

Jusqu’à présent toutes les preuves récoltées soutenaient donc que les premiers habitants de Malte étaient arrivés plus tard il y a 7 400 ans voire 7 100 ans. Grâce à cette nouvelle campagne de fouilles menée entre 2021 et 2023 (suivies de datation carbone), les archéologues ont apporté de nouvelles preuves contredisant ce postulat. Ils affirment que les chasseurs-cueilleurs sont en fait arrivés bien plus tôt, il y a 8 500 ans au Mésolithique, et ont occupé la région pendant au moins 1 000 ans (jusqu’à – 7 500).

De nombreuses preuves à l’appui

Les chercheurs se sont rendus dans une grande doline dans la région de Mellieħa, au nord de Malte. Les fouilles ont permis d’identifier « des outils en pierre, des foyers, des dépôts de cendres et une flore et une faune sauvages variées, notamment des gastéropodes marins, des poissons et des mammifères marins, révélant le contexte culturel et écologique des dernières étapes du Mésolithique, avant la transition néolithique dans la région. », détaille l’étude. Ainsi les archéologues ont fourni les preuves de l’existence de premières communautés à Malte dès le Mésolithique.

Ces éléments permettent par conséquent de mettre en lumière la plus longue traversée maritime jamais documentée en Méditerranée par des chasseurs-cueilleurs européens tardifs. Ces voyages auraient été faits grâce à des pirogues depuis le golfe de Gela dans le sud de la Sicile. Les motivations derrières ces traversées restent néanmoins encore incertaines pour les chercheurs, si ce n’est qu’elles devaient être liées à des facteurs environnementaux (ressources) ou sociaux (changements démographiques).

Une remise en question des connaissances liées à cette époque

Ces découvertes sont passionnantes car elles remettent totalement en question les capacités et les stratégies des derniers chasseurs-cueilleurs de la région à la fin du Mésolithique. Enfin, elles rendent également plausible l’existence d’autres connexions à longue distance. « La combinaison de plusieurs îles et leur proximité avec des côtes continentales découpées suggèrent également que le centre-sud de la Méditerranée et l’est du Maghreb pourraient avoir été une plaque tournante des premières activités maritimes dans la région. », expliquent les archéologues •


Rédigé par François Terminet.

Image : Campement néolithique – une vue idéalisée de l’illustrateur tchèque Zdenek Burian.

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