Orion : premier laboratoire biologique P4 d’Amérique du Sud


Orion est le premier laboratoire biologique de niveau P4 d’Amérique du Sud, installé au Brésil. Il rejoindra bientôt la liste des laboratoires qui permettent d’étudier les pathogènes les plus dangereux de la planète et qui développent des traitements et vaccins en conséquence. Il est unique en son genre puisqu’il sera connecté à un accélérateur de particules.

C’est un événement historique pour l’Amérique du Sud. Orion, le premier laboratoire biologique du continent pour la recherche avancée sur les agents pathogènes de classe 4 (P4 ou BSL-4), a débuté sa construction cet été au Brésil. Il permettra d’étudier les virus, bactéries et champignons les plus dangereux et les effets qu’ils ont sur la santé humaine. En plus d’être le premier laboratoire de ce niveau pour l’Amérique latine, c’est aussi le premier laboratoire au monde à être connecté à un accélérateur de particules, puisqu’il est en construction à deux pas de Sirius, garantissant ainsi un accès à des données inédites. Orion sera localisé au Centre brésilien de recherche sur l’énergie et les matériaux (CNPEM) à Campinas et devrait être achevé d’ici 2026 puis opérationnel en 2028.

Le projet fait partie du nouveau programme d’accélération de la croissance (PAC) du gouvernement fédéral du Brésil lancé en août 2023 et est financé par des ressources du Fonds national de développement scientifique et technologique. 1 milliard de Real (soit environ 162 millions d’Euros) d’investissement seront versés par le gouvernement fédéral brésilien jusqu’en 2026.

Une réponse à de multiples enjeux

Au regard des récents événements épidémiques (Covid-19), de l’intensification du réchauffement climatique, de la déforestation croissante de la forêt amazonienne, qui peut entrainer l’émergence de maladie inconnue, et de la prolifération d’espèces animales porteuses de maladies mortelles (comme le moustique par exemple), la création d’un laboratoire de ce type semblait être une nécessité absolue pour le continent. Dans le monde, 51 laboratoires de niveau 4 sont déjà en activité, pour autant, 70 % d’entre eux sont localisés au Canada, en Europe ou aux États-Unis. 18 nouveaux sont actuellement au stade de projet ou en construction.

Orion aura une superficie de 24 500 m2 et sera constitué d’une panoplie d’équipements et d’espaces dédiés. On y retrouvera entre autres « des espaces d’entreprise, un centre de recherche animale, des laboratoires de microscopie électronique et de cryomicroscopie, des techniques avancées de bioimagerie et un centre de formation en laboratoire de confinement BSL-3/BSL-4 pour former des professionnels spécialisés au Brésil pour travailler dans des environnements BSL-3 et BSL-4 » peut-on lire sur le site du projet. Cet assemblage permettra aux équipes d’étudier les maladies les plus dangereuses du continent, de développer des méthodes de diagnostic, des vaccins et des traitements et d’établir des stratégies épidémiologiques, tout en participant aussi à la recherche internationale. Au-delà de son ouverture vers l’extérieur, il permettra avant tout de favoriser l’autonomie scientifique du pays, en permettant aux chercheurs d’étudier les pathogènes locaux et de développer des traitements sur place plus efficacement et plus rapidement. 

Connexion à Sirius

Orion est un projet unique car il est le premier laboratoire biologique au monde à être muni d’un synchrotron [1]. En effet, il sera connecté, grâce à trois lignes de faisceaux de rayons X, à l’accélérateur de particules Sirius. C’est d’ailleurs par cette configuration que le laboratoire tire son nom : les trois étoiles de la Ceinture d’Orion qui pointent vers l’étoile Sirius. Les trois lignes (Hibisco, Timbó et Sibipiruna) seront des plateformes de recherches indépendantes qui permettront d’obtenir des données, sous forme d’images 3D extrêmement précises, sur la structure des agents pathogènes et la manière dont ils infectent l’hôte du niveau subcellulaire jusqu’au niveau de l’organisme •


Rédigé par François Terminet.

Image : Construction du projet Orion à côté de Sirius, l’accélérateur de particules. Crédit : Disclosure/CNPEM

[1] Un synchrotron est un type d’accélérateur de particules qui produit des rayons X très intenses. Ces derniers permettent de fournir des images 3D extrêmement précises des structures biologiques .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Aller au contenu principal