Après les fourmis zombifiées, place aux araignées


Des scientifiques ont fait la découverte d’une nouvelle espèce de champignon pathogène dans les îles britanniques. Celui-ci serait en capacité de manipuler, tel un zombie, certaines espèces d’araignées avant leur mort.

Les séries vidéoludiques et télévisées The last of us ont permis de démocratiser l’existence d’un véritable champignon « zombifiant », nommé Ophiocordyceps. Là où l’œuvre imagine la manipulation des êtres humains par ce champignon, en réalité, il n’affecte que les insectes ; les fourmis étant les hôtes les plus connus du parasite. Selon une étude publiée fin janvier 2025 sur la revue scientifique Fungal Systematics and Evolution, une nouvelle espèce de champignon pathogène aurait été découvert en Irlande du Nord. Ici pas de fourmis, puisqu’il avait pris le contrôle d’une araignée cavernicole.

Winterwatch : à la recherche de la faune britannique

La découverte a eu lieu en 2021 lors du tournage de la série Winterwatch de la BBC. Une araignée (Metellina merianae) rôdait sur le plafond d’un ancien dépôt de poudre à canon abandonné du Castle Espie Wetland. L’hôte, qui était en fait infecté par un champignon, s’est « déplacé vers un emplacement exposé avant de mourir, indiquant un changement comportemental », ont rapporté les images de la BBC. Les témoins de la scène insolite ont pu prélever l’araignée infectée pour l’envoyer ensuite en observation au laboratoire CABI à Egham. Par ailleurs, d’autres échantillons ont également été récupérés à proximité, dans d’autres grottes des iles britanniques, sur le même type d’araignée hôte, ainsi qu’une autre espèce (Meta menardi).

Un véhicule et un pilote

Suite aux analyses morphologiques et phylogénétiques de l’échantillon, les chercheurs ont pu décrire une nouvelle espèce de champignon pathogène, nommé Gibellula attenboroughii. Celui-ci recouvre presqu’entièrement les araignées d’un dense tapis mycélien blanc, avec parfois des colonnes verticales blanchâtres, s’élevant comme des piques, appelées synnemata.

En outre, les scientifiques se sont interrogés sur le lieu d’échantillonnage, inhabituel et incohérent avec le mode de vie des deux araignées. « Le fait que les araignées infectées par Gibellula se trouvent dans des positions proéminentes sur le toit ou le plafond de leurs habitats souterrains indique un changement de comportement, peut-être manipulé par le champignon » expliquent-ils. En effet, la libération et la dispersion des spores du champignon sembleraient entrainer la manipulation de l’hôte, comme c’est le cas chez les fourmis avec le Ophiocordyceps.

Bien que cette nouvelle espèce ne soit pas une découverte isolée, les membres de l’étude espèrent que les futures recherches permettront de davantage considérer le fonctionnement du binôme araignée/champignon, ainsi que le rôle de ce dernier dans la dynamique de régulation des populations d’araignées de la région •


Rédigé par François Terminet.

Image : Araignée infectée par le champignon Gibellula attenboroughii sur le plafond d’une grotte, Source : CABI

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