Le rythme de réchauffement de l’océan a presque doublé depuis 2005


Le 8ème rapport de Copernicus, l’observatoire européen des océans, a été publié en septembre 2024. Les scientifiques rapportent qu’en 2023 près d’un quart des océans a connu au moins un épisode de vague de chaleur marine grave à extrême. De plus, le rythme de réchauffement de l’océan a presque doublé depuis 2005.

Les phénomènes naturels terrestres dévastateurs, liés au réchauffement climatique, sont aujourd’hui répertoriés, analysés et deviennent ainsi de plus en plus connus dans le monde scientifique. À l’inverse, l’autre composante majoritaire de notre planète, à savoir l’océan, regorge encore de mystères. L’océan est plus complexe à étudier et demande à être exploré davantage pour évaluer sa situation et son évolution en réponse au réchauffement climatique. Copernicus Marine Service [1] est l’un des organismes qui est chargé, entre autre, de recueillir des données et de maintenir une surveillance de l’océan. Le 30 septembre 2024, il a publié son 8ème rapport, qui fournit un panorama complet de l’état de l’océan, en se focalisant principalement sur les années 2022 et 2023. Il est sectionné en trois parties (inédites depuis cette édition), à savoir : l’état de l’océan, les interactions entre océan et climat et la mise en avant des innovations sociétales pour l’océan. 120 experts scientifiques y ont participé directement.

L’état de l’océan

La tendance, sur les dernières décennies, est toujours à la hausse des températures des eaux. Dans de multiples régions du monde, des niveaux extrêmes ont été atteints, parfois pendant de longues périodes. « En 2023, 22 % de la surface mondiale des océans a connu au moins un épisode de vague de chaleur marine grave à extrême. » est-il détaillé dans le rapport. L’année 2022 a aussi été l’année des records puisque les eaux côtières des îles Baléares ont connues des températures, qui n’avaient pas été atteintes depuis quarante ans. De plus, les eaux de la région Ibérique-Biscaye-Irlande a aussi eu des températures 6 °C plus chaudes que la normale sur 145 jours. D’autres régions comme la crète, ont subi, à contrario, des vagues maritimes de froid, ce qui a néanmoins conduit à une prolifération extrême (et décalée) de phytoplancton.

Les deux pôles de la Terre ont aussi vécu une fonte des glaces inégalée jusqu’ici. « Dans l’Arctique, une perte de près de 2,2 millions de km² de glace marine a été observée depuis 1979, avec une augmentation de la température de l’eau de plus de 4°C depuis les années 1980. » précisent les scientifiques. L’Antarctique, dont l’un des plus gros glaciers est en danger, a lui subit « des pertes correspondant à une superficie correspondant à trois fois la taille de la France. »

Interaction entre océan et climat

L’océan contribue à stocker la chaleur et le CO2, au même titre que les continents. Ils agissent ainsi tous deux dans l’équilibre énergétique terrestre et permettent d’aider à la régulation du climat. En raison des fortes émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, l’équilibre est largement perturbé car la chaleur émise par le soleil a du mal à regagner l’espace via l’atmosphère. Les océans et les continents stockent donc davantage de chaleur (et de CO2) qu’ils n’en devraient. En outre, ces dernières années, le bilan de stockage du CO2 des puits de carbone terrestres est dans un état de déclin sévère, ce qui sollicite encore plus les océans. En effet, depuis 2005, le rythme du réchauffement des océans a presque doublé.

Les scientifiques du rapport précisent « qu’il est délicat de mesurer les changements dans le bilan énergétique de la Terre, car les variations sont très faibles. » Ils proposent donc ici une nouvelle approche, basée sur de la géodésie spatiale, plus représentative. En définitive, les scientifiques ont observé que les océans subissent une accumulation d’énergie excédentaire d’environ 90%.

Innovations sociétales

Le rapport met aussi en lumière les innovations et nouvelles technologies qui conduisent à mieux comprendre l’océan et son évolution et ainsi de mieux cohabiter avec. Un nouveau système de prévision, en test sur la mer méditerranée et développé par Copernicus Marine Service, permettrait de détecter des vagues de chaleur 10 jours avant leur naissance. Cela pourrait donner plus de temps aux industries de l’aquaculture et de la pêche pour qu’ils puissent s’adapter en conséquence. L’étude présente aussi un projet d’extraction d’énergie thermique à partir de l’eau de mer dans la baie de Tallinn, en Estonie. Cette énergie pourrait par la suite être utilisée pour alimenter des pompes à chaleur à grande échelle •


Rédigé par François Terminet.

Image : Océan, Source : Pexels

[1] Sous l’égide de l’Union européenne, Copernicus Marine Service fournit des informations officielles gratuites, régulières et systématiques sur l’état de l’océan, à ​​l’échelle mondiale et régionale. Il est financé par la Commission européenne et mis en œuvre par Mercator Ocean International. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Aller au contenu principal