La fonte des glaciers d’Antarctique s’intensifie de plus en plus avec le temps à cause des émissions de gaz à effet de serre. Des scientifiques ont pu observer, après 6 années de mission, que le plus gros glacier du monde fondait rapidement et pourrait ainsi entraîner une élévation considérable du niveau de la mer.
L’Antarctique est constitué d’une vaste couche de calotte glaciaire. Depuis une quarantaine d’années, elle subit une nette accélération de son amincissement, ce qui a déjà contribué à une élévation de plus de 14 mm du niveau moyen mondial de la mer depuis 1979. Les estimations pour la suite du XXIème siècle montrent que ce niveau pourrait au moins monter à plusieurs dizaines de centimètres avec la poursuite de la fonte des glaciers du continent. Dans le cadre de la mission « International Thwaites Glacier Collaboration » (ITGC), lancée depuis 2018, des scientifiques ont surveillé, pendant 6 années, l’état d’un des glaciers principaux de l’Antarctique, Thwaites, aussi appelé « le glacier de l’Apocalypse », et ont ainsi pu estimer son évolution dans les prochaines années. Les résultats obtenus quant à son avenir ne sont pas très optimistes.
L’avenir du glacier de l’Apocalypse
Le glacier Thwaites s’étale sur une superficie équivalente à celle de l’État de Floride aux États-Unis, pour un diamètre d’environ 120 km et il peut atteindre plus de 2 000 m d’épaisseur à certains endroits. Véritable colosse, c’est le plus grand glacier au monde. Son rôle pourrait être dévastateur à l’échelle mondiale, puisqu’il entrainerait une montée des eaux d’environ 60 cm s’il fondait entièrement. Par ailleurs, il agit comme une muraille naturelle, en effet, il ne porte pas le surnom de « glacier de l’Apocalypse » pour rien, car il repose en grande partie sur « un lit », situé sous le niveau de la mer, qui pourrait entrainer une élévation totale de 3,3 mètres du niveau de la mer, si ce dernier disparaissait.
Une précédente étude avait prouvé que l’eau, plus chaude, de l’océan s’infiltrait à plusieurs kilomètres sous le glacier. En outre, les observations faites jusqu’ici montrent que la fonte du glacier contribue déjà à hauteur de 4 % au taux d’élévation du niveau de la mer. Grâce aux technologies à leurs dispositions (notamment le robot torpille Icefin), les scientifiques de la mission ITGC ont pu observer l’avancée alarmante de la fonte du glacier de l’Apocalypse. « Thwaites recule depuis plus de 80 ans, avec une accélération considérable au cours des 30 dernières années, et nos conclusions indiquent qu’il est sur le point de reculer davantage et plus rapidement » a expliqué Rob Larter, géophysicien marin de la coordination scientifique de l’ITGC, dans un communiqué. De par sa configuration (sur un lit) et grâce aux résultats obtenus, les scientifiques estiment que le glacier de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental pourraient disparaître entièrement d’ici le 23ème siècle. L’équipe craint aussi que des processus jusqu’ici non intégrés dans les études puissent davantage accélérer et accentuer son recul avant cette date.
La fonte des glaciers en Antarctique d’ici 300 ans
En parallèle, une équipe de chercheurs a publié une étude sur l’évolution de la calotte glaciaire de l’Antarctique au cours des trois prochains siècles et son implication dans l’élévation du niveau de la mer. Les chercheurs se sont basés sur les données atmosphériques et océaniques dans des scénarios d’émissions élevées de gaz à effet de serre, qui affectent les glaciers d’Antarctique, corrélées à différents modèles d’écoulement de la glace. Les résultats montrent que la fonte des glaces est assez « stable », d’ici 2100, et devrait conduire à une élévation d’environ 30 centimètres. Cependant, sur les deux siècles qui suivent cette date, la fonte devrait s’accélérer drastiquement. En effet, suivant les modèles d’écoulement, l’élévation du niveau marin pourrait monter jusqu’à 4,4 mètres d’ici 2300 avec la fonte des glaciers de l’Antarctique (voire même à plus de 5 mètres avec l’effondrement des glaciers). D’autres modèles montrent néanmoins des prévisions plus modestes. Les chercheurs soulignent avant tout dans leur étude, l’importance des réductions d’émissions de CO2 pour la stabilité à long terme de la calotte glaciaire de l’Antarctique, ainsi que la nécessité d’améliorer continuellement les modèles numériques de calotte glaciaire couplés au modèles climatiques •
Rédigé par François Terminet.
Image : Glacier Thwaites, Source : Jeremy Harbeck/OIB/NASA