La Commission lance les crédits nature pour inciter à la préservation de la biodiversité sur le continent

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Le 7 juillet 2025, la Commission européenne a officiellement annoncé le lancement des crédits nature. L’institution y voit un moyen, d’une part, d’encourager les investissements privés dans des actions qui protègent et préservent la nature et, d’autre part, de récompenser financièrement ceux qui entreprennent ces actions.

« La protection de la nature est perçue comme un coût, mais nous devons commencer à la considérer comme un investissement. » Ce sont les mots de Jessika Roswall, commissaire chargée de l’environnement à la Commission européenne, qui est à l’initiative des « crédits nature », dont la feuille de route a été lancée ce mois-ci. Ce nouvel outil volontaire a pour objectif de replacer davantage la nature au centre des intérêts, en encourageant les investissements privés dans les actions qui la protègent et la préservent, tout en récompensant les volontaires qui entreprennent des actions concrètes. La commission a lancé un appel aux commentaires, ouvert jusqu’au 30 septembre 2025, pour partager son avis sur le projet et contribuer à sa réussite.

Préserver la nature et combler un déficit

« Nos économies dépendent fortement des services écosystémiques ; 75 % de nos entreprises dépendent de la nature. Pourtant, 80 % de la nature européenne est en mauvais état. », constate Jessika Roswall. Cela dit, de nombreuses solutions existent, telles qu’un réensauvagement de certaines zones en Europe, comme l’avait présenté une récente étude. Par ailleurs, l’Europe doit combler un déficit d’investissements alloués à la biodiversité estimé à 37 milliards d’euros. Le besoin total annuel est évalué à au moins 65 milliards d’euros. Selon la commissaire, les investissements publics, bien que devant rester prioritaires, ne suffisent pas [1].

« Nous devons intégrer la nature au bilan. Il ne s’agit pas de la transformer en marchandise, mais de reconnaître et de récompenser les actions qui la restaurent et la préservent. », explique-t-elle. L’objectif de l’outil est donc d’inciter les entreprises, les institutions financières, les entités publiques ou même les citoyens à investir dans des actions qui protègent l’environnement et la biodiversité. Par ailleurs, il pourrait permettre aux États membres de respecter leurs quotas de zones protégées.

Comment ça marche ?

Les actions correspondent à tous les moyens mis en œuvre pour préserver ou restaurer la biodiversité. Par exemple, celles-ci peuvent prendre la forme de réhabilitation de zones humides, d’extension de zones forestières, d’entretien des haies, de création d’habitats pour les pollinisateurs, etc. Pour reconnaitre leur viabilité et surtout leur qualité, un organisme scientifique de certification indépendant sera en charge de leur examen et pourra délivrer in fine un certificat officiel. La certification entraine le gain de crédits nature. Il s’agit ici de crédibiliser les actions et leurs initiateurs, qui peuvent être des agriculteurs ou des forestiers entre autres, pour instaurer leur confiance auprès des investisseurs et du public.

Par la suite, ces crédits pourront être vendus à des investisseurs privés, des entreprises ou des pouvoirs publics qui souhaitent contribuer à la restauration de la nature. « Les institutions financières commencent à considérer la perte de biodiversité comme un risque important à atténuer. », explique Jessika Roswall. Ces achats peuvent ainsi symboliser pour eux un moyen crédible de respecter leurs engagements environnementaux d’entreprise. En outre, les crédits nature pourront également représenter une source de revenus supplémentaires pour les agriculteurs, les forestiers, les gestionnaires de terres, les pêcheurs, et autres acteurs.

Des initiatives gouvernementales sont déjà lancées dans plusieurs pays comme en France et en Finlande et des projets pilotes sont également en cours en France, en Belgique et en Allemagne par exemple. Selon la commission, les crédits nature pourraient atteindre un marché mondial de 180 milliards de dollars d’ici quelques décennies •


Rédigé par François Terminet.

Image : Image générée par IA représentant symboliquement les crédits nature.


Notes :
[1] La présentation du budget de l’UE pour la période de 2028 à 2034 est prévue pour le 16 juillet 2025. Il y sera donc détaillé à ce moment la part définitive allouée à la biodiversité en Europe.

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