Avec les fortes chaleurs, les bourdons perdent leur capacité à sentir les odeurs florales


La capacité d’un bourdon à sentir les odeurs florales est une composante cruciale pour sa survie et la pollinisation. Celle-ci semble néanmoins fortement impactée par les épisodes de fortes chaleurs. Un constat qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la survie des espèces mais aussi pour les cultures de l’Homme.

Les vagues de chaleur sont redoutables pour l’Homme, comme pour certains animaux et insectes, notamment pour les bourdons. C’est le constat qu’a fait une équipe de chercheurs allemands dans une étude publiée fin août 2024. Il avait déjà été reconnu par le passé que les épisodes météorologiques extrêmes pouvaient affecter les comportements et habitudes des insectes. De plus, du côté des plantes, comme le précise l’étude, « les paramètres climatiques (taux d’ozone et de CO2 , luminosité et température) modifient la phénologie et la physiologie des plantes et affectent la production et la libération de composés organiques volatils (COV), ce qui entraîne des altérations de leurs fonctions écologiques ». C’est dans cette optique que l’équipe de chercheurs a souhaité mieux comprendre l’impact de ces épisodes extrêmes sur la physiologie des bourdons, plus particulièrement leur capacité à détecter les odeurs florales.

3 questions à élucider

Le bourdon est un excellent pollinisateur. Il reconnait les fleurs grâce à sa vue, puis détecte les odeurs florales des meilleures, grâce à ses antennes, sous forme de réponse olfactive. Leur colonie est divisée en deux groupes, d’une part les ouvrières qui effectuent les tâches de recherche de nourriture et, d’autre part, les mâles qui contribuent à la reproduction pour étendre la colonie, mais qui pollinisent aussi à une fréquence plus réduite. Ces insectes s’adaptent très bien dans des environnements froids mais supportent très mal les fortes chaleurs, d’autant plus si elles durent dans le temps. Les chercheurs ont ainsi cherché à déterminer l’impact des fortes chaleurs sur l’insecte, la différence qu’il peut y avoir entre les deux sexes et également si les réponses antennaires récupèrent après un temps de repos. 190 bourdons de deux espèces ont ainsi été testés. Les espèces Bombus terrestris et Bombus pascuorum ont été sélectionnées car elles sont très présentes dans nos régions et participent largement à la pollinisations des cultures.

Les chercheurs ont reproduit, de façon artificielle, plusieurs scénarios de vagues de fortes chaleurs. Les bourdons ont pour cela été soumis à quatre traitements thermiques différents (variables : humidité, séchage, accès à un aliment) à 40°C pendant un peu moins de 3 heures et placés individuellement dans un tube Falcon de 50 ml. Dans le même temps, des composés chimiques, présentant un côté attractif pour les bourdons et communs à de nombreuses plantes à fleurs, ont été diffusés. Finalement, les chercheurs ont retiré l’antenne de l’insecte et l’ont placé dans un tube très fin pour mesurer le niveau de réponse. A l’issue des analyses, les chercheurs ont observé que « les épisodes de chaleur ont entraîné une diminution de la réponse antennaire aux odeurs florales chez les deux espèces de bourdons et les deux sexes », les ouvrières étant les plus touchées, car elles ont pu perdre jusqu’à 80% de leur chimiosensibilité. De plus, les analyses ont montré que dans la quasi-totalité des cas, la capacité de récupération des antennes après une période de repos de 24 h a aussi été réduite.

L’étude allemande a donc bel et bien montré que les épisodes de forte chaleur pouvaient diminuer la capacité des bourdons à détecter les odeurs florales. Par conséquent, cela peut affecter sa capacité à trouver de la nourriture et ainsi entraîner sa mise en péril et celle de la colonie, voire des populations tout entières. Par extension, ces scénarios engendreront sans aucun doute des répercussions considérables sur les cultures végétales menées par l’Homme •


Rédigé par François Terminet.

Image : Un bourdon sur une fleur, Source : Les dorloteurs d’abeilles

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