Alors que la tortue verte remonte la pente, les phoques, les oiseaux et les pollinisateurs sont de plus en plus menacés

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Au mois d’octobre 2025, l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) a mis à jour le statut de plusieurs espèces sur sa Liste rouge. Pour certaines, comme la tortue verte marine, les programmes de conservation commencent à porter leurs fruits. Pour d’autres, la déforestation, l’agriculture intensive et le réchauffement climatique aggravent de plus en plus le risque de leur extinction.

Il y a quelques semaines, le projet Planetary Boundaries Science sortait l’édition 2025 de son ouvrage dressant l’état des lieux des neuf limites planétaires. Le rapport présentait un dépassement de la ligne à haut risque de l’intégrité de la biosphère, avec un taux d’extinction d’espèces trop élevé par rapport aux limites planétaires. La tendance se confirme avec les récentes réévaluations de la Liste rouge de l’UICN. Si la tortue verte marine chemine vers un rétablissement stable de sa population, de nombreuses autres espèces s’installent, elles, dans la catégorie « menacée » et se rapprochent petit à petit de l’extinction.

La tortue verte regagne du terrain

La tortue verte est un très bel exemple qui prouve que les travaux de conservation paient. Alors que l’espèce marine, peuplant les eaux tropicales et subtropicales du monde entier, était classée « en danger » il y a quelques décennies, elle apparaît dorénavant en « préoccupation mineure » dans la Liste rouge de l’UICN. Depuis les années 70, leur proportion a effectivement augmenté de 28%.

La conservation progressive de l’animal s’est déclinée en plusieurs actions. En premier lieu, une protection soutenue a été accordée aux femelles nicheuses, présentes sur les plages, et leurs œufs. En outre, dans certaines régions du monde, la tortue verte marine est considérée comme un met culinaire. Une seconde action a donc consisté à réduire son commerce et à étendre les initiatives communautaires visant à réduire la chasse/récolte non durable de tortues et de leurs œufs pour la consommation humaine. Enfin, des dispositifs ont été conçus pour réduire les captures accidentelles de tortues dans les engins de pêche. L’île de l’Ascension, le Brésil, le Mexique et Hawaï sont les zones où les actions ont été les plus fructueuses.

Malgré ces résultats, les efforts doivent être maintenus et même accentués. On observe d’une part « une abondance des tortues vertes qui restent considérablement en deçà des niveaux antérieurs à la colonisation européenne », précise l’UICN. D’autre part, certaines sous-espèces, comme celles du Pacifique Sud-Ouest, restent plus menacées que les autres, notamment à cause du changement climatique. « De telles approches doivent se concentrer non seulement sur les tortues, mais aussi sur le maintien de leurs habitats en bonne santé et de leurs fonctions écologiques intactes. Les tortues marines ne pourront pas survivre sans des océans et des côtes en bonne santé, et les humains non plus. », affirme par ailleurs Roderic Mast, co-président du Groupe de spécialistes des tortues marines de la Commission pour la sauvegarde des espèces de l’UICN.

Les phoques, les oiseaux et les pollinisateurs en déclin

Cependant, ces nouvelles réjouissantes ne concernent pas tous les animaux. C’est le cas par exemple de certaines espèces de phoques, présentes en Arctique, qui ont atteint le statut « quasi menacée » (phoque à moustaches et phoque du Groenland), voire même « en danger » (phoque à capuchon). Le réchauffement climatique, qui s’opère quatre fois plus vite dans cette région du monde, en est la principale cause. La fonte des glaces entraine ainsi une diminution de la surface habitable pour ces espèces.

De multiples espèces d’oiseaux sont aussi extrêmement menacées, ici en grande partie à cause de la déforestation et l’intensification de l’agriculture à l’échelle planétaire. Selon l’UICN, « 61% des espèces d’oiseaux présentent des populations en déclin, une estimation qui était de 44% en 2016. » Madagascar, l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique centrale sont les régions les plus préoccupantes en raison de la proportion considérable de perte de la couverture forestière. Des mesures doivent être prises urgemment pour restaurer les habitats de ces espèces, qui contribuent activement à la durabilité des écosystèmes, en tant que disperseurs de graines notamment.

Enfin, la liste rouge de l’UICN présente également un bilan alarmant pour de nombreux pollinisateurs du continent européen. Ce sont ainsi près de 100 espèces supplémentaires d’abeilles sauvages en Europe qui ont été classées « menacées » : 10% des abeilles sauvages en Europe sont en danger d’extinction. En outre, plus de 20% des espèces appartenant aux groupes des bourdons (pour 15 espèces) et des abeilles cellophanes (pour 14 espèces) sont menacées d’extinction. Enfin, les papillons d’Europe sont aussi menacés d’extinction, soit 15% d’entre eux. « Plus de 40% des papillons uniques à la région européenne et présents nulle part ailleurs dans le monde sont désormais menacés ou sur le point de l’être. », ajoute l’UICN. Toutes ces pollinisateurs sont concernées par la perte croissante de leurs habitats à cause de l’agriculture intensive, de la pollution et de la hausse des températures. L’UICN rappelle que nous dépendons très fortement en tant qu’êtres humains de la survie de ces pollinisateurs, puisque « quatre espèces de cultures et de fleurs sauvages sur cinq dans l’UE dépendent d’une pollinisation par les insectes. »


Rédigé par François Terminet.

Image : Tortue verte marine, Source : iStock

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