Les fourmis procèdent aussi à des amputations pour sauver des vies


Les fourmis font partie des rares êtres vivants qui soignent leurs congénères. Des chercheurs ont pu observer récemment qu’elles vont encore plus loin et sont en capacité d’adapter leurs traitements suivant la blessure, jusqu’à l’amputation lorsque cela est vital.

L’Homme s’en remet souvent à l’amputation pour sauver la vie d’un patient qui subit une infection grave ou une gangrène d’un de ses membres. Des chercheurs de l’Université de Lausanne en Suisse ont récemment observé que ce n’était pas le seul être vivant qui utilisait cette technique. L’étude, portée sur une espèce de fourmi charpentière de Floride (Camponotus floridanus), a montré que celle-ci pouvait en effet amputer les pattes blessées de leurs congénères pour améliorer leur survie. D’autres espèces de fourmis peuvent sécréter des substances antimicrobiennes pour combattre les agents pathogènes et traiter les blessures. La charpentière de Floride n’a pas ce privilège. « Nous voulions savoir ce qui se passe chez les fourmis qui ne peuvent pas utiliser d’antibiotiques. » précisent les chercheurs.

Deux modes opératoires de soin

D’après les chercheurs, cette étude montre que la fourmi est le premier exemple d’animal non-humain qui procède à l’amputation pour soigner ses congénères. Les chercheurs ont effectué des lésions à des endroits spécifiques afin d’observer les différences liées à leur prise en charge. Erik Frank, chercheur au département d’écologie et d’évolution, a de ce fait expliqué qu’elles sont capables « de diagnostiquer correctement la plaie et d’adapter le traitement en conséquence ».

Lorsque la lésion est faite au niveau du fémur, les fourmis amputent le membre blessé en mordant la base de la jambe. 24 fourmis ont été « blessées » de cette façon : 21 ont subi un amputation par leurs camarades et celles-ci ont toutes survécu. Les trois autres, non amputées, sont mortes.

Les chercheurs ont aussi effectuées des lésions plus éloignées au niveau du tibia. Dans ce cas-là, les fourmis ne procèdent généralement pas à une amputation et ont recours à des séances prolongées de soins des plaies grâce à leurs mandibules. En outre, les amputations n’améliorent pas la survie des fourmis pour des blessures au tibia. Grâce à une analyse par scanner, un muscle présent à proximité du fémur a été identifié comme responsable de la circulation sanguine dans la patte. Avec l’amputation, le sang ne circule plus et cela empêche donc le pathogène de se propager. Pour les membres inférieurs, comme le tibia, qui ne possède pas ce muscle, le pathogène peut circuler plus rapidement.

Cette étude est très intéressante car elle montre d’une part que les fourmis sont très solidaires entre elles et qu’elles acceptent les soins de leurs congénères sans sourciller. D’autre part, Erik Frank précise qu’il semble « peu probable que les fourmis comprennent les raisons profondes pour lesquelles ces amputations fonctionnent. Il est beaucoup plus probable qu’il s’agisse d’un comportement inné avec lequel les fourmis sont « nées » » •


Rédigé par François Terminet.

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