Ariane 6 : un vol inaugural réussi, mais perfectible


Le 9 juillet, à 21 h, le nouveau lanceur Ariane 6 a effectué son vol inaugural depuis la Guyane. L’objectif visé était de tester le comportement de vol du lanceur sous et hors attraction terrestre. La mission a été remplie avec succès, mais quelques malfonctionnements ont perturbé la fin du vol.

Ariane 6 est le nouveau lanceur lourd [1] européen. Le lancement d’une fusée est rare et toujours un événement particulièrement attendu. Celui d’Ariane 6 l’était d’autant plus puisqu’il avait subi un report de quatre ans dû principalement à la pandémie du COVID-19. Par ailleurs, l’ultime lancement de son prédécesseur (Ariane 5) avait été effectué il y a déjà un an.

Un lanceur qui mise sur la flexibilité

Nouveau-né d’ArianeGroup, Ariane 6, est capable d’atteindre l’orbite terrestre basse et l’espace lointain. Comparé à son prédécesseur, l’entreprise a misé sur la modularité et la flexibilité pour s’adapter au marché qui évolue très vite (notamment avec SpaceX). Grâce à cette modularité, il est dorénavant plus aisé d’adapter le lanceur aux besoins de la mission et les coûts de lancement pourraient être divisés par deux. Autre nouveauté : le moteur VINCI de l’étage supérieur peut être rallumé plusieurs fois, lui donnant la capacité d’atteindre des orbites complexes et diverses au cours d’un même vol.

Ce lanceur, et par extension son lancement, est l’aboutissement du travail de milliers de personnes durant des années. C’est le fruit d’une coopération européenne entre les équipes de l’ESA (European Space Agency), du CNES (Centre national d’études spatiales), d’ArianeGroup et d’Arianespace. Il est aussi celui « grâce auquel l’Europe va retrouver son accès à l’espace » a ajouté Josef Aschbacher, Directeur général de l’ESA.

Le vol

Le décollage a été effectué avec succès à 16h00 (heure locale). « Une heure après le décollage, la première série de satellites embarqués sur Ariane 6 a quitté l’étage supérieur de la fusée pour rejoindre une orbite à 600 km de la Terre » a communiqué l’entreprise. 9 charges utiles ont été déployées (ce qui permet de valider la mission). Elles permettront d’acquérir divers données atmosphériques et de participer à des expériences scientifiques.

La dernière partie de la démonstration ne s’est en revanche pas passée comme prévu. L’APU (Auxiliary Power Unit), à savoir les propulseurs qui permettent d’effectuer des poussées supplémentaires sur commande, n’a pas bien fonctionné. Martin Sion, CEO d’ArianeGroup a commenté :  « À un moment, nous avons rallumé l’APU, il s’est rallumé, puis s’est arrêté. Et nous ne savons pas pourquoi. Nous allons l’étudier quand nous aurons toutes les données ». L’étage supérieur, mis en cause par ce défaut de boost, devait effectuer une rentrée atmosphérique et relâcher deux capsules. Au final, il a été passivé [2] pour éviter tout danger. Par la suite, des tests vont être effectués sur le moteur VINCI, pour améliorer son fonctionnement pour les prochains lancements et ainsi limiter les débris en orbite •


Rédigé par François Terminet.

[1] Un appareil spatial capable de placer une charge utile (un satellite par exemple) de masse comprise entre vingt et cinquante tonnes en orbite terrestre basse.

[2] La passivation d’un engin spatial consiste à éliminer toute énergie interne contenue dans le véhicule à la fin de sa mission ou de sa durée de vie utile.

Image : Vol inaugural Ariane 6 © © CNES/ESA/Arianespace-ArianeGroup/Optique Vidéo CSG/S.Martin-P.Piron, 2024

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