La communauté scientifique GlaMBIE a réalisé une étude de la fonte des glaciers, en dehors de la calotte glaciaire du Groenland et de l’Inlandsis de l’Antarctique, à travers le globe. Depuis 2000, l’ensemble des 500 glaciers analysés ont perdu en moyenne plus de 273 gigatonnes de glace par an.
La calotte glaciaire du Groenland et celle recouvrant l’Antarctique (Inlandsis) sont les plus imposants glaciers sur le globe. Mais il en existe d’autres, plus petits, qui jouent un rôle tout aussi important pour les écosystèmes marins et terrestres, pour le cycle de l’eau, ainsi que pour les réserves en eau douce planétaires. Malheureusement, l’amplification du réchauffement climatique conduit à une fonte sans précédent des glaciers à travers le monde, ce qui peut conduire (et conduit déjà) à une hausse du niveau de la mer. Pour mieux visualiser l’étendue de leur fonte, la communauté GlaMBIE a publié, le 19 février 2025 sur la revue Nature, une cartographie de l’évolution régionale et mondiale de la masse des glaciers de 2000 à 2023. Selon eux, les glaciers du monde entier ont perdu en moyenne plus de 273 gigatonnes de leur masse par an de 2000 à 2023, soit 1,5 fois la masse de la Lune si elle était faite d’eau. De plus, la fonte de ces glaciers est plus importante que celle de la calotte glaciaire du Groenland (> 18%) et de l’Inlandsis de l’Antarctique (deux fois supérieure).
500 glaciers à la loupe
Bien qu’elles soient les plus connues, les calottes glaciaires de l’Antarctique et de l’Arctique ne sont pas les seuls glaciers qui peuvent participer à l’élévation du niveau de la mer. En effet, les 500 glaciers, des 19 régions différentes, sélectionnés par les chercheurs pourraient entraîner une élévation du niveau de la mer de plus de 324 millimètres. En outre, ils jouent surtout un rôle clé pour le climat et pour les réserves en eau douce sur notre planète.
Grâce à quatre méthodes de recueil de données (glaciologique, modélisation numérique d’élévation, altimétrique et gravimétrique) suivies de leurs compilations, l’équipe a pu évaluer les pertes des glaciers entre 2000 et 2023. C’est donc plus de 6 500 Gt de la masse des 500 glaciers qui a fondu durant les 20 dernières décennies. Par conséquent, cela a engendré une hausse de 18 mm du niveau de la mer. Cette fonte s’est par ailleurs fortement accélérée sur les 4 dernières années [1], avec un record en 2023.

Cartographie des évolutions de la masse des glaciers de 2000 à 2023
Sur la carte, les tranches rouges correspondent au pourcentage de perte depuis 2000 et les bandes colorées sous chaque diagramme aux variations annuelles des masses.
Les deux continents d’Amérique sont les régions abritant des glaciers qui contribuent le plus à la perte de masse globale des glaciers (près de 65% au total) : Alaska, Arctique canadien, périphérie du Groenland et Andes du Sud. En revanche, les petits glaciers qui ont le plus fondus se trouvent majoritairement en Europe centrale, au Caucase, et en Nouvelle-Zélande. Aucune région ne semble donc être épargnée, même si les auteurs ont constaté un ralentissement en Islande et en Scandinavie. Plus globalement, depuis 2000, les glaciers ont perdu entre 2 % et 39 % de leur glace à l’échelle régionale et environ 5 % à l’échelle mondiale.
Sur la même longueur d’onde que le GIEC ?
La communauté scientifique GlaMBIE explique que leurs « résultats confirment généralement les tendances de perte de masse des glaciers rapportées par les derniers rapports du GIEC ». Par ailleurs, ils sont aussi sensiblement du même ordre de grandeur que ceux issus du Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution (SROCC).
L’évolution du travail réalisé par les scientifiques se joue surtout sur le caractère annuel des résultats, basés selon eux sur un panel de sources plus exhaustif, fournissant ainsi une étude plus complète. « Comparées aux AR5 et AR6 du GIEC, nos estimations présentent des incertitudes similaires sur des périodes pluriannuelles, mais ont en outre l’avantage de fournir des résultats et des incertitudes à résolution annuelle. » détaillent en effet les auteurs •
[1] Les pertes annuelles étaient d’environ 400 Gt par an depuis 2019 (avec un record de 548 Gt en 2023), alors qu’elles sont en moyenne de 273 Gt par an sur l’ensemble de la période étudiée.
Rédigé par François Terminet.
image : Glacier Upsala, Source: GlaMBIE