À Floirac, en Gironde, le projet expérimental FORLand avance à bon train. Le 16 octobre 2024, l’équipe de pilotage a inauguré son dispositif d’exclusion des eaux de pluie pour étudier la résilience des forêts de cette région aux sécheresses estivales extrêmes.
Alors que l’IGN a sorti, le 10 octobre 2024, son rapport détaillant l’état des forêts sur le territoire français, du côté de Bordeaux, le vaste projet expérimental « FORLand » (Forêt expérimentale et transition agroécologique, des solutions fondées sur la forêt) a donné le coup d’envoi, le 16 octobre, à l’une de ses étapes principales. En effet, aux abords du campus de l’université de Bordeaux, le projet qui vise à étudier la réponse des forêts au changement climatique a inauguré son « dispositif d’exclusion des eaux de pluie ». Cette expérimentation cherchera plus particulièrement à étudier l’effet de l’augmentation des sécheresses estivales sur les forêts et la capacité de résilience de ces écosystèmes aux stress extrêmes, sur huit ans minimum.
Qu’est ce que le projet FORLand ?
FORLand est un Living Lab, autrement dit un projet expérimental in situ à ciel ouvert. Mené en collaboration avec l’Université de Bordeaux, l’Office national des forêts (ONF) et INRAE (l’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), il a un double objectif. Le premier est de comprendre, en profondeur, la réponse des écosystèmes forestiers au changement climatique grâce à la forêt expérimentale de Floirac. Au-delà de fournir des pistes d’amélioration pour mieux gérer nos forêts dans un contexte de réchauffement climatique, ce volet permettra aussi de sensibiliser le grand public à ces questions. Le second objectif, axé sur le secteur de l’agriculture, devra permettre d’accélérer et de proposer des solutions, à grande échelle, pour la transition agroécologique (réduction des intrants, alternatives au glyphosate, optimisation des rotations, etc.) en s’inspirant de la dynamique forestière.
Pour répondre à ces enjeux, de nombreuses techniques innovantes sont développées par les équipes de scientifiques. C’est notamment le cas du dispositif anti-pluie, ici à l’honneur, qui permet d’étudier de près l’impact des sécheresses.
Le « dispositif d’exclusion des pluies »
Les scientifiques, à travers le projet FORLand, souhaitent anticiper les conséquences écologiques et économiques du réchauffement climatique sur leurs forêts, en particulier avec l’accentuation des épisodes de sécheresses. En effet, ils rappellent que selon les prévisions, en Nouvelle-Aquitaine, « les précipitations estivales seront réduites de 40 à 60% d’ici la fin du siècle. » Le « dispositif d’exclusion des pluies » est donc l’un des outils imaginés par l’équipe pour en apprendre plus sur « l’effet de l’augmentation des sécheresses estivales sur le fonctionnement des forêts de Nouvelle-Aquitaine et plus particulièrement celle des Landes de Gascogne ». Il correspond à une grande structure en bois bâchée, de plus de 9 mètres de hauteur sur une surface de 200 m2. La structure est équipée de capteurs atmosphériques et est isolée physiquement grâce à une tranchée de 0 à 80 cm de profondeur en ceinture. Dans cette « bulle climatique et atmosphérique », huit espèces de pins maritimes seront mises à l’épreuve des sécheresses et seront comparées par la suite à deux espèces plus résistantes provenant d’Espagne et du Portugal. En outre, la survie d’espèces d’arbres caducifoliés (qui perdent leurs feuilles) sera aussi testée en fonction du mode de plantation. Affaire à suivre… •
Rédigé par François Terminet.
Image : Le dispositif d’exclusion de pluie, Source : Sylvain Delzon / INRAE