L’IGN a publié son nouvel inventaire forestier national de 2024. Ce rapport montre que malgré l’expansion continue de la surface forestière en France, la mortalité des arbres progresse elle aussi, notamment à cause du réchauffement climatique et des épisodes de maladies.
Les forêts sont précieuses, à la fois comme puits de carbone terrestres et pour la biodiversité, mais aussi en termes de ressources renouvelables. C’est pourquoi, l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) est tenu, en collaboration avec ses partenaires, d’en faire l’inventaire, en détaillant l’état des écosystèmes forestiers et des ressources en bois à l’échelle nationale. Le 10 octobre, l’institut a publié son mémento de l’année 2024 en s’appuyant sur les campagnes menées de 2019 à 2023. Bien que la surface forestière poursuive sa croissance, les responsables de ce rapport soulignent néanmoins une mortalité en hausse des arbres, due aux phénomènes climatiques et à la prolifération de maladies.
Une croissance continue
Dans l’hexagone et en Corse, la forêt couvre 17,5 millions d’hectares, soit 32 % du territoire. De plus, à eux seuls, les cinq départements d’outre-mer représentent près de la moitié de cette superficie, soit 8,24 millions d’hectares. Rappelons aussi qu’en France, trois quarts des forêts sont privées (soit plus de 13 millions d’hectares). La forêt suit une croissance continue puisqu’elle a progressé de 1,3 millions d’hectares en un peu plus de 10 ans et a presque doublé depuis un siècle. Dans l’hexagone, la moitié sud est la plus boisée. On retrouve ainsi sept départements qui ont un taux de boisement [1] supérieur ou égal à 60 %, comme la Corse du sud ou les Alpes-Maritimes. En revanche, certains départements du nord et de l’ouest ont un taux de boisement inférieur à 10 % : la Manche, la Vendée, la Mayenne et les Deux-Sèvres.
L’état des forêts
En quarante ans, le volume de bois vivant a presque doublé passant de de 1,8 à 2,8 milliards de mètres cubes [2], avec plus de 260 millions de mètres cubes sur les dix dernières années. À l’hectare, le volume des arbres vivants est en moyenne de 172 m³ et est un peu plus élevé en forêt publique qu’en forêt privée. Les feuillus en représentent 65 %, contre 35 % pour les conifères.
Pour autant, sur la période 2021-2023, la France dénombre 186 millions d’arbres altérés (vivants ou morts sur pied depuis moins de cinq ans), parmi les 2 270 millions d’arbres qualifiés (soit 8%). De plus, il est détaillé dans le rapport, qu’en France « la mortalité annuelle s’élève en moyenne à 15,2 millions de mètres cubes (Mm³/an) sur la période 2014-2022. » Cette mortalité a doublé en dix ans. Ceci s’explique notamment par « les crises sanitaires liées à des conditions climatiques à la fois difficiles pour les arbres (sécheresses et températures élevées) et propices aux insectes xylophages, notamment les scolytes ». La mortalité touche toutes les espèces, mais l’épicéa commun est aujourd’hui le plus touché (avec la crise des scolytes) et le frêne subit une nette augmentation à cause d’un champignon (chalarose). Les prélèvements de bois sont aussi en légère hausse sur la période 2014-2022, passant de 47,2 Mm³/an sur la décennie précédente (2005-2013) à 53,1 Mm³/an. Cette augmentation est notamment expliquée par « les coupes sanitaires d’épicéas victimes des sécheresses ou des scolytes ».
Le rapport rappelle aussi l’utilité des forêts en tant que puits de carbone terrestre pour le captage des émissions de CO2. « Les forêts métropolitaines ont absorbé 39 millions de tonnes de CO2 par an en moyenne sur la période 2014-2022 (…) Chaque hectare de forêt contient aujourd’hui en moyenne 81 tonnes de carbone dans ses arbres vivants. » Or cette dynamique de stockage, au regard des contextes climatique et sanitaire, est en baisse au fil des années. Bien que les arbres soient des alliés puissants contre le réchauffement climatique, ils sont aussi dans ses premières victimes •
Rédigé par François Terminet.
Image : 10 forêts incroyables où se perdre en France, Source : Explore France © Yvon Boelle
[1] Proportion de la surface émergée totale couverte par des zones forestières
[2] Le rapport précise que « seuls sont pris en compte dans l’inventaire les arbres dits « recensables » dont la circonférence à 1,30 m de hauteur est supérieure ou égale à 23,5 cm (7,5 cm de diamètre) »