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25% de l’Europe serait propice au réensauvagement


Selon une étude publiée en septembre 2024, environ 117 millions d’hectares du territoire européen pourrait être réensauvagés. Au-delà de fournir une alternative à l’abandon des terres en Europe, le réensauvagement peut aussi permettre aux États membres de respecter leurs quotas de zones protégées.

Le réensauvagement est un atout clé pour la pérennisation des espèces, la santé des écosystèmes et la régulation trophique. Petit à petit celui-ci gagne du terrain mais il reste assez timide dans certaines régions occidentales comme en Europe. C’est pour cette raison que des chercheurs en biodiversité et en biogéographie ont publié, en septembre 2024 sur la revue Cell, une cartographie des zones possibles pour le réensauvagement en Europe, de manière à honorer la stratégie européenne pour la biodiversité à l’horizon 2030. Selon eux, « un quart de l’Europe, soit environ 117 millions d’hectares, est compatible avec les critères de réensauvagement ». En France par exemple, on observe des possibilités en Corse et dans la partie Sud de l’Hexagone.

Les critères du réensauvagement

Sur le continent européen, de plus en plus de zones sont « abandonnées » (surtout les terres agricoles, mais également des zones rurales) et sont ainsi propices à se transformer en sanctuaire de conservation. De plus, l’Union Européenne a engagé une stratégie pour la sauvegarde de la biodiversité, pour atteindre jusqu’à 30 % de zones protégées dans le territoire de chaque États membres, dont au moins 10 % en conservation stricte. Le réensauvagement apparait donc pour les auteurs de l’étude comme une stratégie efficace de préservation et de restauration de ces zones et des espèces qu’elles abriteront.

L’objectif de cette cartographie a été de les délimiter précisément grâce à une succession d’étapes. Dans un premier temps, les chercheurs ont identifié les zones avec une faible empreinte humaine, puisque « les activités humaines sont les principaux contributeurs des extinctions d’espèces contemporaines » ont-ils avancé. Dans un deuxième temps, les zones sélectionnées ont été réparties dans 3 groupes suivant des superficies distinctes : entre 10 000 ha et 50 000 ha (méso), supérieures à 50 000 ha (macro) et supérieures à 100 000 ha (méga). Les plus vastes sont celles qui garantissent le mieux la survie des espèces à long terme et qui nécessiteront le moins d’intervention humaine. Dans un troisième temps, les auteurs ont qualifié les espèces disponibles qui peuvent intégrer ces espaces, selon un réensauvagement actif ou passif. Le premier correspond à la réintroduction d’espèces herbivores et carnivores indigènes disparues, tandis que le second se concentre sur des interventions de gestion qui favorisent la dynamique naturelle, telle que la recolonisation des grands carnivores et herbivores disparus. Enfin, la répartition des espèces choisies a suivi une analyse comparative avec une époque antérieure en l’absence de pressions anthropiques, pour évaluer sa mise en application réaliste.

Cartographie des possibilités de réensauvagement

25 % du continent compatible

117 millions d’hectares remplissent les critères de réensauvagement (soit 25% de l’Europe), dont 70% connaissent des climats froids. En effet ces zones sont en général plus délaissées par les activités et l’implantation humaines. 76% de cette superficie se situe en Scandinavie, en Écosse, dans la péninsule ibérique, dans les États baltes, en Irlande et dans le sud-est de l’Europe. Dans ces régions, le réensauvagement passif semble privilégié. Les zones concernées par un réensauvagement actif sont la Corse, la Sardaigne, le sud de la France, les Pays-Bas, le sud du Danemark, le sud de la Suède et le sud-ouest de la Norvège.

Atteinte des objectifs européens

« Près des trois quarts des zones potentielles de réensauvagement se trouvent en dehors des zones actuellement protégées, ce qui souligne les opportunités pour les pays européens d’atteindre les objectifs post-2020. » argumente l’étude. Certains pays comme la Bulgarie, l’Allemagne ou la Grèce ont déjà atteint les objectifs de 30% de zones protégées. 11 autres, dont la France, la Suisse ou le Royaume-Uni, pourraient y parvenir en suivant, entre autres, les opportunités présentées par l’étude •


Rédigé par François Terminet.

image : «Iberian Lynx, Lynx pardinus». Source :©Staffan WIDSTRAND/GDT EWPY 2024/Rewilding Europe Award

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